Les élus de la municipalité parisienne examinent lundi 5 juin le futur PLU (Plan Local d'Urbanisme) dénommé dorénavant "bioclimatique". Ce plan va fixer les règles du jeu en matière d'urbanisme dans la capitale pour la décennie à venir. Si ce plan est d'abord un constat d'échec de 10 ans de politique d'urbanisme et d'aménagement à Paris, il ne promet rien de bon pour l'avenir. Les élus du groupe Progressifs et Indépendants, dont Pierre Yves Bournazel, s'y opposent.
Le PLU présenté et soutenu par la majorité PS/VERTS/PC est un plan en trompe œil. Il fait d'abord ressortir l’absence de vision et de stratégie de la majorité municipale en matière d’urbanisme. C'est aussi un revirement total de la part de Mme Hidalgo qui expliquait et déclarait il y a 10 ans "« Pour moi, la ville écologique, c’est la ville dense ». « Que Paris se dédensifie, c’est une bonne nouvelle ».
Longtemps l’exécutif municipal a fait le choix de l’hyperdensification. Depuis 2014, chaque parcelle de foncier disponible a été construite, souvent de façon excessivement dense et dans un urbanisme de grande hauteur privilégiant la minéralité. Les exemples sont légion : place de la République, place Jules Joffrin, Tours Duo, projet de la Tour Triangle, projet Austerlitz et particulièrement important dans le 12eme arrondissement avec la transformation de la place de la Bastille mais aussi le projet Bercy-Charenton.
Résultat, en quelques années la capitale a gagné 3 millions de m2 construits et la politique du logement annoncée comme une priorité depuis 2014 n’a pas porté ses fruits. Il n’est pas plus facile de se loger dans la capitale en 2023 qu’en 2014 et l’explosion des prix ne permettent plus aux familles et aux classes moyennes de lier leur avenir à celui de la capitale. Derrière la communication d’une politique « pro-logement », le nombre de mètres carrés de bureaux a fortement augmenté sous la majorité actuelle, passant de 17,5 millions de m2 en 2014 à plus de 21 en 2022.
Contraint de satisfaire sa majorité divisée entre écologistes et communistes, la majorité municipale a fait le choix de présenter un nouveau Plan Local d’Urbanisme défendant un changement dans la continuité et prônant tout à la fois l’hyperdensification et la végétalisation. Ces ambitions contradictoires font courir le risque que ce nouveau document, clé et structurant pour la Ville de Paris, soit une occasion manquée.
Répondre aux enjeux de demain par la mise en œuvre de propositions de rupture nécessite des moyens sans précédent, que ne permet pas l’état actuel des finances de la Ville, et de savoir travailler avec l’ensemble de ses partenaires. Soyons clairs, Paris capitale ne peut espérer seule résoudre le défi du changement climatique ou la crise du logement avec la même stratégie, la même gouvernance ou le même périmètre que celui d’hier.
Ce PLU ne conduira ni à faciliter l’accès au logement à Paris, ni à créer ou préserver les espaces verts et de respiration, ni à une amélioration de l’esthétique urbaine, ni à un saut qualitatif en termes d’isolation thermique du parc public et privé, ni à la lutte contre les nuisances sonores qui minent la vie des habitants de certains quartiers, ni à une nouvelle méthode de gouvernance plus pragmatique et partagée. Je soutiens Pierre-Yves Bournazel, Conseiller de Paris et Co-Président de Groupe et tous les élus du Groupe Indépendants et Progressistes au Conseil de Paris dans leur opposition à ce texte. Lors de la séance du Conseil de Paris, ils voteront contre ce nouveau PLU.
Le long chemin du PLU ne s'arrêtera pas au vote du Conseil de Paris. Une enquête publique devra valider tous les nouveaux dispositifs juridiques avec une validation définitive du PLU "bioclimatique" pour la fin de l’année 2024, voire début 2025.
A lire : la Tribune des élus du Groupe Indépendants et Progressistes au Conseil de Paris